jeudi 15 mars 2012

Dans les Bardos, sans Brigitte...



Voyage avec Blueberry :

Quand Collin et Mauduit deviennent des personnages de Blueberry, la mythique BD de Jean Giraud, alias Moebius. 

 C'est une chouette idée que de tenter de pénétrer dans les albums de Blueberry pour essayer d'y prévenir ce pauvre Lieutenant Myrtille qu'il est désormais orphelin de père.
Il avait déjà perdu sa mère spirituelle Jean-Michel Charlier en 1989, d'ailleurs assez peu féminine au vu de sa production, et ne s'en était jamais vraiment remis sur le plan scénaristique, errant depuis lors dans des états proches de l'Ohio, dans l'attente d'une hypothétique et énième rédemption, depuis son renvoi de l'armée à la suite du complot pré-conspirationniste qui court de Chihuahua Pearl à Angel Face, pour moi le plus bel arc de la série même s'il manque singulièrement de flèches, qui n'arriveront que plus tard, bien que certaines se soient plantées plus tôt dans nos héros, mais chaque chose en son temps.

De plus, le procédé Collin-Mauduit® lorgne ostensiblement vers les très riches heures de la Production Radiophonique Farfelue & De Qualité, évoquant aux plus dinosauriens de nos auditeurs, au rang desquels j'ai le regret impavide de me compter, les aventures d'Adolf, le petit peintre viennois...
... avec lesquelles il tente de renouer, et y parvient parfois.
En fait assez peu, dans l'ensemble, mais si je disais cela, je leur ferais le procès inconscient de n'être pas capable de regagner mon Enfance à pied d'oreilles radiophoniquement aimantées vers des cieux plus cléments, idéalisés dans un âge d'or révolu où les aventures du Lieutenant Blueberry représentaient ma nourriture spirituelle favorite et unique, autour de l'arc "La mine de l'allemand perdu / Le spectre aux balles d'or".
Et ça, moi vivant, jamais.
Laissons les procès d'intention aux Inquisiteurs Espagnols, eux qui ne se gènent guère pour surgir providentiellement au coeur des sketches du Monty Python Flying Circus quand ils ne savent pas comment finir .
Mais pas de ça chez moi, dans mon Sublimatorium®.

Comme la radio est un média chaud, et l'on ne saurait honnêtement lui reprocher de ne produire que des sons, elle laisse l'auditeur sécréter ses propres images, dans ce siècle qui en surconsomme jusqu'à vomir, et là bon ben moi  tout de suite j'imaginais des choses un peu plus dramatiques et velues, à la Cronenberg ou Philip Dick : le cowboy inoxydable se rend compte que son univers se décompose lentement tandis que son démiurge fraîchement décédé s'éloigne dans les Bardos... c'est l'occasion salutaire mais toujours remise à demain d'une saine prise de conscience de sa mortalité, à l'instar de la décrépitude qui s'abat sur les personnages littéraires quand plus personne ne les lit…
mais ce n'est pas trop le ton de l'émission, et puis dans un format de 2 minutes, même l'immense John Warsen, du temps où il se murgeait à la 3D, ne saurait synthétiser ses obsessions mortifères au point de les rendre sensibles en 120 secondes krono, faut pas rêver.

Et puis de toute façon, il y a longtemps que Moebius avait contaminé Giraud, des pages entières de Blueberry basculent dans un univers plus proche de Castaneda que de John Ford, sans atteindre aux outrances de l'accident industriel cinématographique (je dis ça rapport aux investissement non rentabilisés, puisque ce fut le plus gros bide Gaumont de l'an 2002) qu'en avait tiré Jan Kounen, lui aussi grand amateur de psychotropes.

C'est ben ça le problème avec les tord-boyaux de la tête, c'est qu'après on n'est plus étanche, et si on est créateur de mondes, ben ça diffuse à travers les strates de l'imaginaire personnel, jusqu'au jour où on se retrouve l'otage de Palmer Eldritch.
Et il est alors bien tard pour chercher la marche arrière, qui n'est d'ailleurs pas fournie, même en option, dans ce type de véhicule.

Les Hollandais, non contents de cultiver des fromages sans trous et sans goût, et de professer autant que de pratiquer un libertarisme douteux depuis 5 décennies, se sont lancés dans la production à grand échelle d'Herbe Transgénique il y a déjà un moment, produisant une plante à la teneur inédite en THC, et quand tu tires trois taffes de skunk et qu'ensuite tu passes 4 ans à regarder tes pompes, merci bien, j'ai autre chose à faire de ma vie, si elle est d'accord.

Déjà que  j'arrive même pas à trouver une plage horaire psychologiquement idoine pour fumer celle que j'ai achetée le mois dernier, tellement que mon cerveau est le hall de gare de trains d'idées que je ne voyais plus guère s'arrêter devant chez moi avant ma cure de Fringanor®, bref et pour conclure, tant pis-tant mieux, ces 2 minutes de déconnade bouche-trou avant le journal de 8 heures de France Inter m'arrachent un pauvre sourire à l'heure où je dépose mon fils au lycée, et lui aussi.

Et j'allais oublier de faire le joint avec une aventure littéraire nettement plus ambitieuse et carrément  jubilatoire, sur le même thème de la littérature contaminée par le réel et vice-versa, dans ce roman de Jjasper Fforde, qui gagne au passage le jambonneau offert au lauréat du concours du patronyme ressemblant à s'y méprendre aux mots de passe générés aléatoirement par les petits frères et soeurs du défunt Megaupload au moment de télécharger les fichiers convoités, ouvrage si réussi que je n'ai pas lu les autres de peur d'être déçu, un peu comme les Japonais qui se font hara-kiri quand ils pensent qu'ils sont au top et que maintenant, ça ne peut que redescendre.




Ah ça, pour fumer des clopos en salle de rédaction
à l'heure où nous mettons sous stress, 
alors que frémissent les rotatives et que nous n'avons plus rien à nous mettre,
hormis une robe de chanvre en pilou cotonneux,
à la faveur de ces insomnies où d'autres en profiteraient 
pour rompre le pacte de Varsovit 
et tenter d'envahir la Pologne de leurs femme,
si elle ne dormait du sommeil du travailleur social épuisé, 
ah ça, on est là.

Merci à Plouf pour le titre et à Wikipedia pour les infos pertinentes, surtout depuis que je sais ce que je cherche.
J'ignorais la teneur réelle du projet bloqué par les héritiers de Charlier "Bloub 1900", où la teneur en peyotl semblait définitivement l'emporter sur les cruchons de Jack Daniels, et finalement il vaut peut-être mieux qu'il reste dans les limbes, comme le Dune de Jodorowski.

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